Développement

Comment choisir entre monorepo et multirepo pour une équipe de développement de taille moyenne

Comment choisir entre monorepo et multirepo pour une équipe de développement de taille moyenne

Quand une équipe de développement de taille moyenne doit choisir entre monorepo et multirepo, je remarque souvent la même hésitation : chaque option promet des gains mais cache aussi des complexités opérationnelles. J’ai accompagné plusieurs équipes dans ce choix, et voici comment j’analyse la situation aujourd’hui — franchement, sans jargon inutile — pour vous aider à trancher en connaissance de cause.

Ce que j'entends par "taille moyenne"

Pour moi, une équipe de taille moyenne signifie généralement entre 8 et 50 développeurs répartis sur quelques produits ou services (par exemple : une API, un back-office, une ou deux applications front, et des bibliothèques partagées). Ce profil implique des dépendances croisées, des besoins de coordination régulière et des enjeux de scalabilité organisationnelle.

Les enjeux réels à considérer

Avant de vous lancer, posez-vous ces questions concrètes — je les utilise systématiquement en audit :

  • Quelle est la fréquence des changements partagés (librairies, composants UI, schémas API) ?
  • Votre CI/CD est-elle prête à gérer de nombreux projets ou des builds partiels ?
  • Combien de teams travaillent en parallèle et à quel point leurs livraisons doivent être synchronisées ?
  • Quel est le niveau de maturité DevOps (tests automatisés, pipelines, versioning) ?
  • Quel est l’effort acceptable pour l’onboarding et la maintenance des outils ?
  • Monorepo : pourquoi je le recommande souvent (et quand il faut être prudent)

    Le monorepo regroupe tout le code d’une organisation dans un même dépôt. J’aime le monorepo quand le partage de code est intense et quand la coordination entre équipes doit être simple.

    Points forts que j’ai observés :

  • Visibilité et refactorings facilités — modifier une API ou renommer un composant dans tout le système devient atomique.
  • Synchronisation des modifications — pas besoin d’attendre des PRs croisées entre plusieurs repos.
  • Onboarding plus simple — les nouveaux devs obtiennent tout le contexte dans un seul clone.
  • Standardisation des outils — lint, tests, CI, scripts partageables. J’ai souvent utilisé Nx ou Turborepo pour orchestrer cela efficacement.
  • Cependant, il y a des sujets à ne pas négliger :

  • Scalabilité de la CI — si vous ne mettez pas en place des builds incrémentaux (Nx, Bazel, Turborepo), le pipeline peut vite devenir lent.
  • Permissions et sécurité — accès global au dépôt ; il faudra gérer des règles d’accès sur d’autres plans (branches, pipelines).
  • Complexité initiale — configurer le repo, le build cache et les politiques prend du temps.
  • Pour une équipe moyenne, si vous partagez beaucoup de libs et de composants UI, et si vous êtes prêts à investir dans l’infrastructure CI (cache, builds parallèles), le monorepo apporte un vrai confort produit et réduit la friction des changements transverses.

    Multirepo : quand c’est la bonne option

    Le multirepo signifie un dépôt par service/composant. J’ai vu des équipes choisir cette option pour garder une isolation forte et simplifier la responsabilité des équipes.

    Avantages clés :

  • Isolation claire des responsabilités — chaque équipe gère son repo, ses releases et son cycle de vie.
  • CI indépendant — pipelines plus simples et ciblés, rapides pour des builds petits et autonomes.
  • Permissions granulaires — on contrôle l’accès par repo plus facilement.
  • Mais le multirepo a des coûts :

  • Coordination sur les changements partagés — synchroniser des mises à jour de bibliothèques peut devenir laborieux (PRs multiples, versions, dépendances).
  • Duplication des outils — il faudra reproduire des configs CI, lint, templates à travers les repos ou investir dans des outils pour les centraliser.
  • Complexité des tests d’intégration — tester un scénario qui traverse plusieurs services exige une orchestration externe.
  • J’opte pour le multirepo quand les équipes sont réellement découplées, que le partage de code est limité, ou que des contraintes de sécurité/isolement l’exigent.

    Critères pratiques pour trancher (checklist opérationnelle)

    Voici la checklist que j’utilise pour décider :

  • Partage de code : élevé → penchez monorepo. Faible → multirepo.
  • Fréquence de co-modification : élevée → monorepo.
  • Capacité CI/CD : mature (cache + builds incrémentaux) → monorepo. Sinon → multirepo ou investir d’abord dans CI.
  • Besoin d’isolation (compliance, sécurité) : élevé → multirepo.
  • Onboarding : si vous voulez simplicité → monorepo.
  • Organisation (feature teams vs product-centric teams) : feature teams très intégrées → monorepo ; équipes product indépendantes → multirepo.
  • Stratégies hybrides à considérer

    Je déconseille parfois le choix binaire. Voici des approches hybrides que j’aime proposer :

  • Monorepo pour libraries + multirepo pour services — centraliser bibliothèques partagées (UI, utilitaires) dans un monorepo, tandis que chaque service métier reste en multirepo.
  • Multiple monorepos par domaine — si vous avez 2 ou 3 domaines très distincts, créez un monorepo par domaine (par exemple : infra, produit A, produit B).
  • Monorepo local + multirepo distant — workflow moins courant mais utile : développeurs travaillent localement avec un monorepo pour tests et refactors, puis publient modules vers des repos distants ou packages privés.
  • Outils et bonnes pratiques que j’implémente

    Quel que soit votre choix, voici ce que je mets en place dès le départ :

  • Gestion des dépendances — utilisez des gestionnaires modernes (pnpm pour JS/TS, ou des packages privés) et lockfiles partagés pour l’uniformité.
  • CI incrémental et cache — Nx, Turborepo, Bazel pour monorepo ; GitHub Actions/ GitLab CI configurés pour builds ciblés.
  • Versioning et releases — Semantic Versioning et automatisation (changesets, semantic-release) pour éviter le chaos des versions.
  • Tests d’intégration — pipelines qui orchestrent des tests end-to-end sur des environnements de staging isolés.
  • Documentation et templates — starter templates, scripts d’onboarding, et docs centralisées (Confluence, repo docs) pour homogénéiser.
  • Comparatif synthétique

    Monorepo Multirepo
    Partage de code Très simple Gère via packages/versioning
    Coordination des changements Facile Complexe
    Complexité CI Élevée sans outils, efficace avec Nx/Bazel Simple par repo
    Onboarding Souvent plus rapide Peut être dispersé
    Contrôle d'accès Granularité moindre sans outils additionnels Très granulable

    Exemples concrets (retours d’expérience)

    J’ai aidé une startup à passer d’un multirepo à un monorepo après des problèmes de compatibilité fréquents entre leur front React et leur design system. En standardisant sur pnpm + Turborepo, ils ont réduit le temps de mise à jour des composants partagés de jours à heures. À l’inverse, une fintech que j’accompagne a choisi le multirepo pour isoler des services soumis à audits légaux : chaque repo a son pipeline, sa politique d’accès et ses releases indépendantes, ce qui a simplifié la conformité.

    Si vous me demandez un conseil direct : commencez par cartographier vos dépendances et évaluer votre maturité CI. Si le partage est central à votre produit et que vous êtes prêts à investir en automatisation, le monorepo vous fera gagner en agilité. Sinon, le multirepo avec une stratégie de packaging claire peut être plus pragmatique.

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